KEMAL GÖZLER'ÝN WEB SÝTESÝ
Kemal Gözler, « Les origines des Pomaks de Lofça d'après les tahrir defters ottomans: 1479-1579 », Turcica : Revue des etudes turques, 1999, Tome 31, p.35-66.
Turcica : Revue des études turques est publiée par le Département d'études turques de l'Université des sciences humaines de Strasbourg ( http://www-umb.u-strasbg.fr ), l'équipe "Etudes turques et ottomanes (ESA 8032) ( http://chdt.ehess.fr/ )" du CNRS et l'Association pour le développement des études turques (Avec le concours du Centre national de la recherche scientifique).
Turcica : Revue des études turques est éditée par Editions PEETERS, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgique ( http://www.peeters-leuven.be/ ).
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Les pages originales sont indiquées entre paranthèses (p.XX) dans le texte.
(p.35)
Turcica : Revue des etudes turques, 1999, Tome 31, p.35-66.
Kemal GÖZLER*
RESUME : Les orIgInes des Pomaks de Lofça d'après les tahrIr defters ottomans : 1479-1579.- Les Pomaks sont une communauté musulmane de langue bulgare. Avant la guerre turco-russe de 1877-1878, ils vivaient en deux régions: dans les Rhodopes et dans la région de Lofça (Loveč) en Bulgarie. Les origines des Pomaks de Lofça restent obscures. Selon les historiens bulgares, ils sont de souche bulgare et ont été convertis à l’islam par la force à l’époque ottomane. Cet article a pour objet de résoudre le problème de l’origine des Pomaks de Lofça à partir des tahrir defters (registres de recensement) ottomans inédits des XVe et XVIe siecles. Ces registres montrent que les premiers Pomaks de Lofça, dans la plus grande partie, sont en grande partie issus de la conversion dela population locale. Car, 42 % en 1616, 72 % en 1545 et 21 % en 1579 des individus musulmans sont des fils d’Abdullah, c’est-à-dire des nouveaux convertis. Cet article montre également que l’apparition des premiers Pomaks n’est pas datable. Il s’agit d’un processus long et progressif. Durant un siècle (1479-1579), seulement 5 % de la population des 40 villages sont devenus musulmans. Ceci réfute la thèse de la conversion forcée des Pomaks à l’islam.
ABSTRACT: THE ORIGINES OF LOFCA POMAKS ACCORDING TO OTTOMAN TAHRIR DEFTERS: 1479-1579.- The Pomaks are a Bulgarian speaking Muslim community. They used to live mainly in two regions before the Turkish-Russian War of 1877-1878. Those regions were Rhodopes and Lofca (Lofça, Loveč) in Bulgaria. The origins of Lofca Pomaks remain rather unclear. According to Bulgarian historians, Lofca Pomaks are of Bulgarian race and during the Ottoman rule, they converted to Islam under coercion. This article purports to resolve the question of the origin of the Lofca Pomaks through examination of the unpublished Ottoman tahrir defters (census registers) of 15th and 16th centuries. Those registers reveals that vast majority of the earlier Pomaks of Lofca converted to Islam. In 1516 42%, in 1545 72% and in 1579 21% of the Muslim Lofca Pomaks' names were “son of Abdullah”, i.e. new converts. Moreover this article demonstrates that it is not possible to determine exactly on which date the first Muslim Pomaks began to emerge. It was a lengthy process. Throughout a century (1479-1579), only 5% of the total population of 40 villages became Muslims. Accordingly, it seems difficult to argue that the Pomaks converted to Islam under coercion.
Les Pomaks[1] sont une communauté musulmane de langue bulgare. Nous définissons donc l'identité pomake par ces deux éléments : appartenance à l'Islam comme religion et le bulgare comme langue maternelle. (p.36) Les Pomaks vivent aujourd'hui en Bulgarie, en Macédoine, en Grèce et en Turquie. Avant la guerre turco-russe de 1877-1878, les Pomaks vivaient en deux régions : dans les Rhodopes et dans la région de Lofça[2]. Parallèlement on parle de deux groupes Pomaks. Les Pomaks de Rhodopes et les Pomaks de Lofça[3]. Avant la guerre de 1877-1878, le nombre des Pomaks de Rhodopes est estimé à 500 000 et celui des Pomaks de Lofça à 100 000[4].
Après la guerre turco-russe de 1877-78, la plupart des Pomaks ont émigré en Turquie et fondé des villages dans les départements (Edirne, Kýrklareli, Tekirdað, çanakkale, Balýkesir, Bursa, Manisa, Eskiþehir, etc.) de l'ouest du pays.
Plusieurs études sont consacrées aux Pomaks de Rhodopes[5]. Alors que les Pomaks de Lofça restent peu étudiés[6]. Même aujourd'hui, (p.37) comme le remarque à juste titre Bernard Lory, « lorsque l'on parle... des Pomaks, l'on considère généralement la population qui habite de façon compacte la partie occidentale du massif des Rhodopes »[7]. Cependant l'existence des Pomaks de Lofça a été signalée plus avant que celle des Pomaks des Rhodopes[8].
Nos villages pomaks de Lofça sont repartis aujourd'hui entre les communes (obtina) de Kneža, Bjala Slatina, Roman, Jablanca, Teteven, Ugărčin, Lukovit, Červen Breg et Pelova qui, eux-mêmes, appartiennent aux départements (oblast) de Lovec et Mihaylovgrad[9]. Dans le passé aussi, les villages pomaks avaient été partagés entre les kazas (arrondissement) de Lofça (Loveč), Plevne (Pleven), Rahova (Orjahovo) et Ivraça (Vraca) appartenant au sancak (province) de Niðbolu (Nikopol) aux XVe et XVIe siècles et dans le vilayet (département) de Tuna (Danube) au XIXe siècle. En effet, seulement une partie des villages pomaks de cette région appartenait au district de Lofça.
(p.38) Bien qu'une bonne partie des villages pomaks n'appartenaient pas dans l'histoire et n'appartiennent pas aujourd'hui au district de Lofça, il est coutume, depuis L. Miletič[10], de désigner ces Pomaks comme Pomaks de Lofça »[11]. Faute de mieux, nous aussi nous suivons cette tradition.
Avant la Guerre turco-russe de 1877-78, les Pomaks de Lofça habitait dans une soixantaine[12] de villages partagés entre les kazas de Lofça, Plevne, Rahova, Ivraça. Géographiquement les villages pomaks se situaient « dans la vallée du Vit, sur le cours moyen de l'Iskăr et le long de son affluent la Panega, et sur le cours moyen du Skăt. Un polygone irrégulier ayant pour sommets Pleven, Kneža, Borovan, Roman, Teteven et Ugărčin circonscrit à peu près leur domaine »[13].
On peut trouver les renseignements suffisants sur la situation géographique des villages de Pomaks de Lofça. Nous nous limitons ici à examiner l'origine des Pomaks de Lofça.
Notre étude a pour objet de résoudre la question de savoir si les Pomaks de Lofça sont d'origine d'une conversion effectuée sur place ou d'une colonisation venue de l'Anatolie. Dans le premier cas, les Pomaks de Lofça seraient d'origine bulgare, dans le deuxième cas, d'origine turque. Egalement, nous devons déterminer la date et les modalités de la conversion ou de la colonisation.
L'article de Bernard Lory sur les Pomaks de Lofça publié dans cette Revue en 1987[14] nous est d'un grand secours. Cependant il n'examine leur histoire qu'à partir du milieu du XIXème siècle. En effet, de temps où Constantin Jireček a écrit que « l'histoire du commencement des ces groupes musulmans dans la nation bulgare est obscure »[15] rien n'est changé et les origines des Pomaks de Lofça restent encore obscures. Néanmoins plusieurs thèses sur les origines des Pomaks de Lofça ont été développées essentiellement par les auteurs bulgares[16]. Selon eux, les Pomaks de Lofça sont de pure race bulgare et convertis à l'Islam par la force (p.39) à l'époque ottomane. Quant à la date de cette conversion, ils avancent différentes périodes d'islamisation.
Pour vérifier cette thèse, nous avons envisagé une recherche fondée sur les tahrir defters ottomans inédits.
Puisque notre étude est fondée sur les tahrir defters, il convient de les présenter brièvement. Les tahrir defters sont des registres de recensement de la population et des impôts établis par l'administration ottomane, surtout aux XVe et XVIe siècles. Ils donnent, village par village, le nombre de ménages musulmans et chrétiens d'une province[17]. Il y a deux types de tahrir defters : icmal (abrégé ou synoptique) et mufassal (détaillé). Les icmal tahrir defters (registres abrégés de recensement) ne donnent que le nombre des hanes (ménages, foyers ou feux) et mücerreds (célibataires)[18] et bives (veuves). Quant aux mufassal tahrir defters (registres détaillés de recensement), ils indiquent également les noms des individus chefs de ménages, des mücerreds et des bives, avec les noms de leur père.
Il est évident que pour un tel travail nous avons d'abord besoin de déterminer les villages pomaks de Lofça avec précision. Puisque la forte majorité des Pomaks de Lofça ont émigré en Turquie après la guerre turco-russe de 1877-1878 (Doksanüç harbi), il faut déterminer les villages peuplés, exclusivement ou partiellement, de Pomaks juste avant cette guerre. Il y a des témoignages, surtout récits de voyages, des études sur les villages pomaks de Lofça[19]. Nous disposons également des listes de villages pomaks données par Kanitz, Ireček, Miletič, Savov, Mikov, Iirkov, Ivanov, Cvetkova, Petrov et Lory[20]. En partant (p.40) des études de ces historiens consacrées aux Pomaks de Lofça, on peut établir une liste contenant les 40 villages (voir la première collone du Tableau n°1) :
Nous pouvons déterminer, à partir des tahrir defters ottomans, les premiers Pomaks dans ces 40 villages pomaks au XV et XVIe siècles. Nous préférons d'abord de donner le Tableau n°1 constitué à partir de cette recherche, ensuite de l'analyser.
Ce tableau se divise en six colonnes. Dans la premiere sont énumérés les villages pomaks. Les colonnes suivantes sont réservées respectivement aux données obtenues des tahrir defters de 1479, 1516, 1545 et 1579. Dans la dernière colonne, nous avons donné les chiffres du Salname-i Vilayet-i Tuna de H.1290 (Annuaire de la Provence du Danube de 1873), pour pouvoir faire une comparaison entre les nombres des Pomaks de XVIème et de XIXème siècle.
Tableau n° 1 : La
population musulmane et
chrétienne
dans
les villages pomaks de Lofça
|
Sources |
Sofia, Bib. nat.,OAK, 45/ 29, n° 1/1960 |
Istanbul, BOA,
MM n° 11, |
|||||||||
|
Année de régistre |
1 4 7 9 |
1 5 1 6 |
|||||||||
|
Religion |
Musulm. |
Chrétiens |
Musulmans |
Chrétiens |
|||||||
|
Villages / Unité |
M |
V |
M |
V |
M |
C |
V |
M |
C |
V |
|
1 |
Bela Slatina |
- |
- |
20 |
2 |
- |
- |
- |
47 |
20 |
3 |
|
2 |
Belençe (Belenci) |
- |
- |
22 |
4 |
- |
- |
- |
30 |
9 |
1 |
|
3 |
Býrkaçevo |
|
|
|
|
- |
- |
- |
24 |
6 |
- |
|
4 |
Blýsniçevo / Panega |
|
|
|
|
- |
- |
- |
18 |
13 |
2 |
|
5 |
Breþte / Breþke |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6 |
Bukofça (Bukovec) |
|
|
|
|
- |
- |
- |
20 |
9 |
1 |
|
7 |
Curilova |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
8 |
çamakovça |
- |
- |
24 |
1 |
- |
- |
- |
34 |
32 |
2 |
|
9 |
çerikova (Sadovec) |
- |
- |
6 |
1 |
1 |
1 |
- |
43 |
13 |
2 |
|
10 |
çerven Breg |
- |
- |
48 |
6 |
1 |
- |
- |
50 |
41 |
- |
|
11 |
Dermança |
- |
- |
11 |
- |
- |
- |
- |
84 |
18 |
- |
|
12 |
Dýben / Dýbene |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
13 |
Dýbnik (Dolni) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
14 |
Dýbnik (Gorni) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15 |
Galata |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
16 |
Glava |
|
|
|
|
- |
- |
- |
10 |
1 |
- |
|
17 |
Gornik |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
18 |
Gradeþniça |
- |
- |
11 |
- |
|
|
|
6 |
8 |
- |
|
19 |
Huyuvan/Hubuvane |
- |
- |
11 |
1 |
- |
- |
- |
18 |
8 |
- |
|
20 |
Izvor-i Muslim |
1 |
- |
31 |
- |
2 |
1 |
- |
30 |
15 |
4 |
|
21 |
Kneja/C.Kladenec |
|
|
|
|
- |
- |
- |
101 |
81 |
6 |
|
22 |
Komarevo |
|
|
|
|
- |
- |
- |
9 |
6 |
- |
|
23 |
Koynare |
|
|
|
|
- |
- |
- |
124 |
130 |
4 |
|
24 |
Kurusoviça |
|
|
|
|
- |
- |
- |
78 |
33 |
3 |
|
25 |
Lepiça |
- |
- |
28 |
1 |
- |
- |
- |
26 |
7 |
2 |
|
26 |
Leþniça (Kirçevo) |
- |
- |
40 |
3 |
3 |
- |
- |
55 |
30 |
1 |
|
27 |
Lukovit (Gorna) |
- |
- |
47 |
2 |
- |
- |
- |
51 |
20 |
2 |
|
28 |
Petreven |
- |
- |
26 |
1 |
- |
- |
- |
14 |
13 |
- |
|
29 |
Popiça |
|
|
|
|
- |
- |
- |
26 |
11 |
- |
|
30 |
Radomirçe |
|
|
|
|
- |
- |
- |
41 |
20 |
- |
|
31 |
Reseleç |
1 |
- |
39 |
6 |
1 |
- |
- |
51 |
- |
4 |
|
32 |
Roman |
- |
- |
54 |
3 |
3 |
4 |
- |
35 |
12 |
- |
|
33 |
Rupçe |
|
|
|
|
1 |
- |
- |
56 |
32 |
1 |
|
34 |
Suhaç |
- |
- |
25 |
1 |
- |
- |
- |
48 |
33 |
1 |
|
35 |
Týrnak |
|
|
|
|
- |
- |
- |
94 |
31 |
- |
|
36 |
Tlaçane |
|
|
|
|
- |
- |
- |
17 |
4 |
1 |
|
37 |
Todoriçane |
2 |
- |
17 |
1 |
- |
- |
- |
22 |
14 |
3 |
|
38 |
Toros |
- |
- |
3 |
- |
2 |
- |
- |
18 |
12 |
- |
|
39 |
Ugýrçin |
|
|
|
|
1 |
- |
- |
163 |
88 |
3 |
|
40 |
Yaniça / Eniça |
- |
- |
24 |
1 |
- |
- |
- |
29 |
12 |
- |
|
|
T o t a l |
4 |
0 |
487 |
34 |
15 |
6 |
0 |
1472 |
782 |
46 |
|
|
Individus*** |
20 |
0 |
2435 |
34 |
75 |
6 |
0 |
7360 |
782 |
46 |
|
|
Total en individus |
20 |
2469 |
81 |
8188 |
|||||||
|
% |
0,80 |
99,20 |
0,97 |
99,03 |
|||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
M : Ménages ; C : Célibataires ; V : Veuves ; H : Hommes (Population masculine)
* BOA, TD, n°382, s.733-740. *** 1 ménage = 5 individus
(p.42)
Tableau no I (Suite)
|
Sources |
Istanbul, BOA, TD n°416, 452 |
Ankara,TKGM,KK n°58 Istanbul,BOA,TD n°718 |
Salname-i
Vilayet-i Tuna |
|
||||||||||||||
|
Année |
1 5 4 5 |
1 5 7 9 |
1 8 7 3 |
|
||||||||||||||
|
Religion |
Musul. |
Chrétiens |
Musul. |
Chrétiens |
Musulmans |
Chrétiens |
||||||||||||
|
Unité |
M |
C |
|
M |
C |
V |
M |
C |
M |
C |
M |
H |
M |
H |
||||
1 |
BelaSlatina |
- |
- |
- |
113 |
11 |
11 |
3 |
- |
174 |
131 |
100 |
156 |
342 |
517 |
||||
2 |
Belenci |
- |
- |
- |
20 |
18 |
3 |
|
|
|
|
42 |
163 |
90 |
92 |
||||
3 |
Býrkaçevo |
- |
- |
- |
32 |
12 |
2 |
1 |
1 |
50 |
3 |
176 |
481 |
542 |
142 |
||||
4 |
Blýsniçevo |
- |
- |
- |
11 |
7 |
7 |
- |
- |
25 |
25 |
|
|
|
|
||||
5 |
Breþte |
|
|
|
|
|
|
- |
- |
58 |
12 |
60 |
92 |
113 |
184 |
||||
6 |
Bukofça |
- |
- |
- |
15 |
8 |
2 |
|
|
|
|
51 |
172 |
23 |
141 |
||||
7 |
Curilova |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
21 |
151 |
23 |
85 |
||||
8 |
çamakovci |
2 |
2 |
- |
27 |
17 |
- |
4 |
3 |
92 |
106 |
127 |
231 |
- |
- |
||||
9 |
çerikova |
- |
- |
- |
15 |
14 |
5 |
3 |
3 |
38 |
9 |
130 |
362 |
113 |
267 |
||||
10 |
çerven Br. |
|
|
|
|
|
|
15 |
10 |
48 |
32 |
96 |
176 |
142 |
492 |
||||
11 |
Dermaça |
- |
- |
- |
13 |
2 |
- |
- |
- |
50 |
44 |
103 |
360 |
169 |
496 |
||||
12 |
Dýben |
- |
- |
- |
13 |
9 |
1 |
- |
- |
19 |
55 |
|
|
|
|
||||
13 |
Dýbnik (D) |
|
|
|
422* |
322 |
8* |
|
|
|
|
59 |
171 |
237 |
757 |
||||
14 |
Dýbnik (G) |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
65 |
144 |
144 |
447 |
||||
15 |
Galata |
|
|
|
|
|
|
6 |
5 |
10 |
5 |
172 |
858 |
- |
- |
||||
16 |
Glava |
- |
- |
- |
15 |
11 |
3 |
- |
- |
40 |
34 |
90 |
141 |
- |
- |
||||
17 |
Gornik |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
50 |
75 |
87 |
193 |
||||
18 |
Gradeþniça |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
75 |
419 |
- |
- |
||||
19 |
Huyuvan |
3 |
- |
- |
9 |
5 |
1 |
6 |
3 |
28 |
17 |
25 |
72 |
136 |
249 |
||||
20 |
Izvor-i Mus. |
|
|
|
|
|
|
14 |
8 |
48 |
16 |
445 |
2340 |
- |
- |
||||
21 |
Kneja |
-- |
- |
- |
71 |
69 |
11 |
- |
- |
404 |
250 |
394 |
620 |
472 |
639 |
||||
22 |
Komarevo |
- |
- |
- |
6 |
2 |
- |
- |
- |
30 |
14 |
17 |
69 |
44 |
170 |
||||
23 |
Koynare |
- |
- |
- |
79 |
33 |
49 |
4 |
6 |
361 |
125 |
553 |
720 |
- |
- |
||||
24 |
Kurusovica |
1 |
1 |
- |
110 |
59 |
9 |
6 |
2 |
15** |
5** |
23 |
55 |
186 |
433 |
||||
25 |
Lepica |
- |
- |
- |
28 |
11 |
1 |
- |
- |
87 |
53 |
50 |
98 |
70 |
141 |
||||
26 |
Lesnica |
3 |
- |
- |
13 |
30 |
1 |
6 |
4 |
52 |
30 |
236 |
619 |
- |
- |
||||
27 |
Lukovit (G) |
3 |
1 |
- |
53 |
24 |
4 |
6 |
7 |
100 |
77 |
283 |
979 |
290 |
853 |
||||
28 |
Petreven |
1 |
1 |
- |
9 |
4 |
3 |
3 |
3 |
30 |
17 |
64 |
160 |
122 |
414 |
||||
29 |
Popiça |
1 |
- |
- |
34 |
20 |
3 |
1 |
2 |
37 |
20 |
68 |
87 |
- |
- |
||||
30 |
Radomirçe |
- |
- |
- |
26 |
11 |
- |
2 |
- |
11 |
12 |
186 |
461 |
96 |
114 |
||||
31 |
Reseleç |
1 |
- |
- |
35 |
1 |
2 |
3 |
- |
110 |
23 |
145 |
290 |
103 |
242 |
||||
32 |
Roman |
5 |
3 |
- |
15 |
3 |
- |
16 |
6 |
30 |
12 |
49 |
204 |
64 |
227 |
||||
33 |
Rupçe |
- |
- |
- |
28 |
16 |
3 |
1 |
1 |
42 |
30 |
176 |
461 |
96 |
114 |
||||
34 |
Suhaç |
1 |
- |
- |
22 |
20 |
4 |
- |
- |
101 |
48 |
41 |
71 |
91 |
147 |
||||
35 |
Týrnak |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
154 |
172 |
162 |
228 |
||||
36 |
Tlaçane |
- |
- |
- |
10 |
3 |
1 |
|
|
|
|
41 |
222 |
22 |
80 |
||||
37 |
Todoriçane |
1 |
1 |
- |
32 |
23 |
3 |
10 |
6 |
70 |
51 |
65 |
161 |
171 |
512 |
||||
38 |
Toros |
|
|
|
|
|
|
12 |
- |
33 |
- |
271 |
1131 |
66 |
203 |
||||
39 |
Ugýrçin |
1 |
- |
- |
114 |
63 |
- |
2 |
1 |
186 |
144 |
94 |
351 |
343 |
1116 |
||||
40 |
Yaniça |
2 |
- |
- |
27 |
11 |
|
2 |
- |
50 |
32 |
- |
- |
179 |
214 |
||||
|
Total |
25 |
9 |
|
1417 |
839 |
137 |
126 |
71 |
2429 |
1459 |
4797 |
13495 |
4738 |
9909 |
||||
|
Individus |
125 |
9 |
|
7088 |
839 |
137 |
630 |
71 |
12145 |
1459 |
23985 |
13495 |
23690 |
9909 |
||||
|
Total |
134 |
8064 |
701 |
13604 |
37480 |
33599 |
||||||||||||
|
% |
1,63 |
98,37 |
4,90 |
95,10 |
52,73 |
47,27 |
||||||||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(p.43)
Pour pouvoir montrer les sources, nous avons établi également un tableau montrant pour chaque village les numéros de pages des tahrir defters de 1479, 1516, 1545, 1579 et de Salname-i Vilayet-i Tuna de 1873.
|
Sources |
OAK,45 |
MM, n°11 |
TD, n°416 |
TD, n°718 |
Salname |
|
Année |
1479 |
1516 |
1545 |
1579 |
1873 |
1 |
Bela Slatina |
257 |
109 |
250 |
117 |
183 |
2 |
Belençe |
293 |
120 |
91 |
- |
193 |
3 |
Býrkaçevo |
- |
165 |
357 |
228 |
183 |
4 |
Blýsniçevo |
- |
245 |
407 |
403 |
? |
5 |
Breþte |
- |
- |
- |
- |
157 |
6 |
Bukofça |
387 |
256 |
329 |
- |
189 |
7 |
Curilova |
- |
- |
- |
- |
189 |
8 |
çamakovça |
247 |
143 |
141 |
147 |
183 |
9 |
çerikova |
241 |
13 |
16,125 |
110* |
161 |
10 |
çerven Breg |
243,249 |
91 |
- |
181 |
161 |
11 |
Dermança |
281 |
243 |
436 |
376 |
255 |
12 |
Dýbene |
293 |
535** |
384 |
375 |
259 |
13 |
Dýbnik (Dolni) |
- |
- |
733*** |
- |
159 |
14 |
Dýbnik (Gorni) |
- |
- |
- |
- |
159 |
15 |
Galata |
- |
- |
- |
407,751 |
255 |
16 |
Glava |
- |
599** |
145 |
165 |
183 |
17 |
Gornik |
- |
- |
- |
- |
183 |
18 |
Gradeþniça |
281 |
210 |
456 |
- |
255 |
19 |
Hubuvane |
291 |
535** |
473 |
440 |
237 |
20 |
Izvor-i Muslim |
285 |
147 |
- |
436 |
255 |
21 |
Kneja |
231 |
98 |
83 |
125 |
183 |
22 |
Komarevo |
- |
164 |
348 |
324 |
189 |
23 |
Koynare |
- |
24 |
19 |
157,720 |
|
24 |
Kurusoviça |
- |
78 |
14,358 |
108 |
161 |
25 |
Lepiça |
247 |
513** |
14,104 |
142 |
183 |
26 |
Leþniça (Kirçevo) |
281 |
217 |
461 |
423 |
255 |
27 |
Lukovit (Gorna) |
251 |
90 |
101 |
143 |
161 |
28 |
Petreven |
251 |
99 |
129 |
186/12 |
159 |
29 |
Popiça |
- |
164 |
298 |
183 |
183 |
30 |
Radomirçe |
|
27 |
16 |
181 |
161 |
31 |
Reseleç |
247,263 |
99 |
103 |
155 |
183 |
32 |
Roman |
261 |
185 |
349 |
316 |
193 |
33 |
Rupçe |
- |
108 |
13,108 |
186/16 |
161 |
34 |
Suhaç |
249 |
107 |
127 |
160 |
183 |
35 |
Týrnak |
- |
101 |
- |
- |
183 |
36 |
Tlaçane |
- |
164 |
325 |
- |
189 |
37 |
Todoriçane |
251 |
91 |
102 |
186/3 |
161 |
38 |
Toros |
285 |
211 |
- |
419 |
255 |
39 |
Ugýrçin |
- |
241 |
436 |
413 |
253 |
40 |
Yaniça / Eniça |
265 |
26 |
114 |
170 |
185 |
(p.44)
Nous allons examiner ici le tableau n° 1 par colonnes.
Le tableau n° 1 se constitue de six colonnes. Dans la première colonne, sont indiqués, dans l'ordre alphabétique, les 40 villages peuplés, exclusivement ou partiellement, de Pomaks juste avant la guerre turco-russe de 1877-1878. Les colonnes suivantes sont réservées respectivement aux données obtenues des tahrir defters de 1479, 1516, 1545 et 1579. Dans la dernière colonne, nous avons donné les chiffres du Salname-i Vilayet-i Tuna de H.1290 (Annuaire de la Province du Danube de 1873), pour pouvoir faire une comparaison entre les nombres des Pomaks de XVIème et XIXème siècle.
Les villages se trouvant dans notre première colonne sont répartis entre les kazas (districts) Lofça (Lovec), Plevne (Pleven), Rahova (Orjahovo) et Ivraça (Vraca). Ces kazas appartenaient au sandjak de Niðbolu (Nikopol) au XVIe et XVIe siècles et au vilayet de Tuna (province du Danube) au XIX siècle. (p.45)
Le plus ancien tahrir defter ottoman du sandjak du Niðbolu (Nikopol), qui a pu être conservé, est un icmal ou registre synoptique. Ce registre est conservé dans la Section orientale de la Bibliothèque nationale de Kiril et Methodi de Sofia (OAK, 45/49, inventaire no: 1/1960). Il a été traduit en bulgare par Russi Stoikov et publié par l'Institut d'Histoire de l'Académie bulgare des Sciences, accompagné de ses fac-similés[21]. Le document comprend 60 feuilles. Ce registre n'est pas daté dans son texte. Le traducteur de ce registre le situe « avec certitude vers le milieu du XVe siècle »[22]. Comme le remarque Bistra Cvetkova, cette date est fausse[23]. Ce registre est daté, maintenant, de 1479 par les historiens[24].
Ce tahrir defter est de type icmal (synoptique). Il ne donne que le nombre des ménages[25] musulmans (hane-i Müslim), des ménages non-musulmans (hane-i gebr) et le nombre des veuves (bive). En d'autres termes, il ne donne pas les noms des individus chefs de ménages. Par conséquent, nous ne savons pas si les familles musulmanes sont des turques authentiques ou des bulgares converties à l'Islam.
En 1479, dans la région pomake, il n'y avait que 4 ménages musulmans en 3 villages : Izvor[26], Reseleç[27], Todoriçane[28]. (p.46)
Villages |
Ménages |
1. Izvor |
1 |
2. Reseleç |
1 |
3. Todoriçane |
2 |
Total |
4 |
Total (individus)* |
20 |
Le village d'Izvor est celui de Balgarski Izvor d'aujourd'hui[30]. Le nom a été changé en 1934[31]. L'ancien nom de ce village était Izvor-i Müslim dans les registres officiels et Turski Izvor parmi le peuple. Ce village est enregistré dans le Salname-i Vilayet-i Tuna de H.1290 (Annuaire de la Province du Danube de 1873) sous le nom Izvor-i Muslim. Il était peuplé exclusivement des Pomaks. En 1873, dans ce village, il y avait 445 ménages et 2340 mâles musulmans[32]. Alors que selon le registre de 1479, à Izvor, il y avait un seul ménage musulman (hane-i muslim), 31 ménages chrétiens (hane-i gebr), 4 veuves (bive) chrétiens[33]. Le registre de 1479 mentionnait également, à Reseleç, 1 ménage musulman, 39 ménages et 4 veuves chrétiens[34]. Quant à Todoriçane, il y avait 2 ménages musulmans, 17 ménages chrétiens et 1 veuve chrétienne[35]. (p.47)
En 1479, le village d'Izvor se trouvait dans le vilayet (département) de Lofça[36], tandis que Reseleç et Todoriçane appartenaient au vilayet de Mramorniçe. Izvor se trouve au sud-est de la région pomake, alors que Reseleç et Todoriçane sont au centre de la région. Reseleç est plus à l'ouest que Todoriçane.
On doit traiter avec précaution l'idée selon laquelle Turski Ýzvor, Galata, Pomaka, Leþniça, Gradeþniça, Hýsen et Dobrevci sont les premiers villages pomaks dans la région[37]. Comme on vient de le voir seulement à Izvor, il y avait un ménage musulman. Il parait que cette thèse a été développée non pas en partant des données historiques, mais plutôt de l'hypothèse selon laquelle les premiers Pomaks sont apparus dans les villages montagneux du sud-est de la région où la vie est difficile. Cette thèse n'a rien à voir avec les réalités. Reseleç et Todoriçane, les deux premiers villages où les Pomaks sont apparus, ne se situent pas au sud-est, mais au centre de la région où les terres sont relativement plates et fertiles.
Dans les autres villages, il n'y avait pas de Musulmans en 1479. Dans ce travail, nous admettons ces 4 familles musulmanes dans les villages d'Izvor, Reseleç et Todoriçane comme les « premiers Pomaks »[38] dans l'histoire. Cependant puisque le tahrir defter de 1479 est un registre de type icmal (synoptique), nous ne savons pas les noms de ces premiers Pomaks. De même, nous ne savons pas s'ils sont des Turcs authentiques venant d'Asie mineure ou des Bulgares nouvellement convertis à l'Islam.
Parmi ces 40 villages peuplés de Pomaks au XIXe siècle, 15 villages (Býrkaçevo, Blýsniçevo (Rumyançevo), Breþte (Breþke), Bukofça, Curilova, Galata, Glava, Gornik, Komarevo, Koynare, Popiça, Radomirçe, Týrnýk, Tlaçane, Ugýrçin) ne sont pas enregistrés dans le registre de 1479[39]. On sait que les deux premières pages sont manquées (p.48) de ce registre, il est possible que certaines de ces villages soient sur les pages perdues. En dehors de ce cas, il parait difficile de supposer que le commissaire de recensement ait pu ignorer ces villages. On pourrait donc conclure que, si ces villages n'étaient pas sur les deux feuilles perdues, ils n'existaient pas en 1479 et qu'ils sont fondés après cette date[40].
Dans les 25[41] villages inscrits dans le registre de 1479, il y avait 487 ménages et 35 veuves chrétiens contre 4 ménages musulmans.
On peut conclure que l'apparition des premiers Pomaks (ou avec une expression plus correcte, des premiers Musulmans dans la région pomake de Lofça) ne va pas plus loin de 1479. A partir de la conquête définitive de la région par le Sultan Beyazid en 1393, durant 88 ans, on ne voit pas, dans la région pomake de Lofça, une colonisation importante venue de l'extérieure ou une conversion considérable effectuée sur place.
C'est pourquoi, la thèse selon la quelle les Bogomils se sont convertis à l'Islam avec la venue des Ottomanes n'est pas confirmée par la documentation ottomane. Cependant les tahrir defters ottomans contiennent beaucoup de renseignements sur les Pavlikens, c'est-à-dire les Bogomils[42].
Le registre ottoman suivant de cette région, qui a pu être conservé, est ce qu'on appelle un mufassal ou registre détaillé. Il porte le titre Defter-i Mufassal-i Vilayet-i Niðbolu (registre détaillé de la province de Nikopol). Il est de l'époque du Sultan Selim Ier. Le registre est daté dans son texte de 922 de l'hégire (1516 de l'ère chrétienne). Ce registre est inédit et conservé dans le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi (BOA) (Archives ottomanes de la Présidence du Conseil) à Istanbul. Il est inscrit sous le numéro 11 dans le fonds de Maliyeden Müdevver Defterler (MM) (registres issus du Ministère de la Finance)[43]. Un registre (p.49) icmal (abrégé) est également conservé dans le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi, à Istanbul, sous le numéro 370 du fonds de Tapu Tahrir Defterleri[44]. Il est daté de 1530. Le registre TD n°370 est le registre de comptabilité de la province de Rumeli (Muhasabe-i Vilayet-i Rumeli Defteri)[45]. La partie concernant le liva de Niðbolu de ce registre devait être rédigée à partir des données du registre détaillé de 1516 (MM n°11). Les chiffres des deux registres sont les mêmes. Nous suivons essentiellement le mufassal (registre détaillé) de 1516. Nous allons le citer, ci-après, comme « MM n°11 » en abrégé.
Les villages de Býrkaçevo, Blýsniçevo (Rumyançevo), Bukofça, Glava, Komarevo, Koynare, Popiça, Radomirçe, Týrnak, Tlaçane et Ugýrçin qui ne sont pas inscrits dans le registre de 1479, sont enregistrés dans le registre de 1516. On peut penser que ces villages sont récemment fondés, entre 1479 et 1516. Pour les villages Býrkaçevo, Bukofça, Popiça et Tlaçane, nous en avons la preuve : Dans le registre de 1516, il est indiqué clairement que ces villages sont fondés par les gens venant de Gabare[46] qui est un village de quelques kilomètres au sud de nos villages.
Le registre de 1516 montre que le nombre des villages peuplés de Musulmans a augmenté. On comptait maintenant 9 villages habités aussi par les Musulmans. D'après le registre de 1516, on peut dresser la liste des villages peuplés de Musulmans (Tableau n° 6).
Comme on le voit, durant ces 37 ans (1479 à 1516), la population musulmane dans nos villages est passée de 4 (=20 individus) à 15 ménages et 6 célibataires (=81 individus) ce qui suppose une croissance de 405 %[47]. La population chrétienne, elle aussi, a augmenté passant de 487 ménages et 35 veuves en 1479 à 1472 ménages, 782 célibataires et 46 veuves en 1516. (p.50)
Villages |
Ménages |
FA* |
Célibataires |
FA* |
1. çerikova |
1 |
1 |
1 |
1** |
2. Çerven Breg |
1 |
1 |
- |
- |
3. Izvor |
2 |
1 |
1 |
- |
4. Leþniça |
3 |
1 |
- |
- |
5. Reseleç |
1 |
- |
- |
- |
6. Roman |
3 |
2 |
4 |
3 |
7. Rupçe |
1 |
- |
- |
- |
8. Toros |
2 |
- |
- |
- |
9. Ugýrçin |
1 |
?*** |
- |
- |
Total |
15 |
6 |
6 |
4 |
Total (Individus)**** |
75 |
30 |
6 |
4 |
Individus : 75+6=81 dont fils d'Abdullah : 30+4=34 (41,97 %)= (34x100:81) |
Le tahrir defter de 1516 (MM n°11) est un registre détaillé (mufassal) qui indique également les noms des individus chefs de ménages avec les noms de leurs pères. Comme on l'a expliqué dans l'introduction, dans les registres, « Abdullah » (serviteur de Dieu) était le nom habituel donné aux pères des hommes qui n'étaient pas de parent musulman. Ainsi, un « veled-i Abdullah » (fils d'Abdullah) signifie un nouveau converti. Par conséquent, dans le registre de 1516, grâce à l'inscription « veled-i Abdullah » (fils d'Abdullah), nous pouvons déterminer les Musulmans de première génération et de seconde génération.
D'après le registre de 1516 (MM n°11), 6 des 15 des individus chefs de ménages 4 de 6 célibataires (mücerred) musulmans sont des fils d'Abdullah. Ce qui représente 42 % des musulmans sont produits d'une conversion locale effectuée sur place, par conséquent d'origine bulgare[48]. On peut même penser que les musulmans qui ne sont pas les fils d'Abdullah peuvent être les « petits-fils d'Abdullah ». Car, déjà en 1479, il y avait 4 ménages (p.51)musulmans dans la zone. Les chefs de famille des foyers musulmans qui ne sont pas des « fils d'Abdullah » peuvent venir des ménages musulmans enregistrés en 1479. Par conséquent le taux de la population issue de la conversion peut être plus élevée que le taux mentionné.
Les villages d'Izvor, Sopot, Toros et Ugýrçin se situent au sud-est de la zone pomake et il n'existe aucun village peuplé de Pomaks plus à l'est de ces villages. Ils sont des villages voisins et constituent un carré sur la carte. Leurs lieux sont relativement montagneux. Izvor et Toros sont sur l'affluant du Vit, quant à Ugýrçin, il se situe sur l'autre affluent du Vit. Roman se situe au sud-ouest de la zone pomake. Les villages se situant à l'ouest de Roman ne sont pas des villages pomaks. En regardant la situation géographique de ces villages, on peut observer que les premiers Pomaks sont apparus plutôt dans les villages se situant au sud et surtout au sud-est de la zone pomake. Cependant, on ne peut pas faire une conclusion générale à partir de cette observation. Car, les autres villages (Çerven Breg et Reseleç) où sont apparus les premiers Pomaks se trouvent au centre de la zone pomake. Ils sont deux villages voisins fondés sur la rivière Iskýr.
Pour l'étape suivant, nous disposons d'un mufassal (registre détaillé) de l'époque du Sultan Süleyman le Législateur. Le document ne porte pas la date dans son texte, mais on peut le dater d'environ 1545. Ce registre inédit est conservé dans le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi (Archives ottomanes du Premier Ministère), à Istanbul, classé sous le numéro 416 dans le fonds de Tapu Tahrir Defters (nommé ci‑après « TD n°416 » en abrégé). Nous avons également une autre copie de ce registre qui est conservé aussi dans le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi sous la cote TD n°452. Les inscriptions de ces registres sont identiques. Probablement le registre n° 416 est original (asýl), alors que le registre n°452 est la copie (suret).
Le village de Dýbene, n'étant pas mentionné dans le registre précédent (MM n°11), est enregistré maintenant dans le registre de 1545. On peut en déduire qu'il est récemment établi entre les années 1516 et 1545. Le registre de 1545 indique que le village de Dýbene est « haric ez defter-i atik » (non mentionné dans le registre précédent)[49]. De même le registre (p.52)synoptique (icmal) de 1516 (TD 370) note que Dýbene est un village déserté (hali mezraa)[50]. Le registre de 1545 fait mention l'existence de 13 ménages, 9 célibataires et 1 veuve, tout chrétiens[51].
Le registre de 1545 montre que le nombre de villages comportant des Musulmans a augmenté. On comptait maintenant 13 villages (9 en 1516) peuplés aussi de Musulmans, alors que le nombre de villages entièrement chrétiens avait été baissé. D'après le registre de 1545, on peut dresser la liste des villages peuplés de Pomaks et le nombre de ménages musulmans et célibataires musulmans (Tableau n° 7 ).
|
Villages |
Ménages |
FA* |
PFA** |
Célibataires |
FA* |
PFA** |
1 |
Çamakofça |
2 |
2 |
- |
2 |
- |
2 |
2 |
Hubuvane |
3 |
2 |
- |
- |
- |
- |
3 |
Kurusoviça |
1 |
1 |
- |
1 |
1 |
- |
4 |
Leþniça |
3 |
1 |
- |
- |
- |
- |
5 |
Lukovit (Gorna) |
3 |
3 |
- |
1 |
1 |
- |
6 |
Petreven |
1 |
1 |
- |
1 |
1 |
- |
7 |
Popiça |
1 |
1 |
- |
- |
- |
- |
8 |
Reseleç |
1 |
- |
- |
- |
- |
- |
9 |
Roman |
5 |
1 |
- |
3 |
- |
-- |
10 |
Suhaç |
1 |
1 |
- |
- |
- |
- |
11 |
Todoriçane |
1 |
1 |
- |
1 |
1 |
- |
12 |
Ugýrçin |
1 |
1 |
- |
- |
- |
- |
13 |
Yaniça |
2 |
1 |
1 |
- |
- |
- |
|
T o t a l |
25 |
16 |
2 |
9 |
4 |
2 |
|
Individus*** |
125 |
80 |
10 |
9 |
4 |
2 |
Individus 125+9=134 dont FA+PFA=80+10+4+2=96 (71,64 %) = (96x100:134) |
(p.53)
La population musulmane est passé de 15 ménages et 6 célibataires (=81 individus) en 1516 à 25 ménages et 9 célibataires (=134 individus) en 1545, soit une croissance de 165 %[53] .
En 1545, 16 des 25 des individus chefs de ménages et 4 des 9 célibataires (mücerred) musulmans sont fils d'Abdullah. Egalement dans nos villages, 2 des 25 des chefs de famille des foyers musulmans et 2 des 9 célibataires (mücerred) musulmans sont des petits-fils d'Abdullah. En d'autres termes, 71,64 % des musulmans sont produits d'une conversion locale[54].
L'autre partie de la population musulmane peut être aussi d'origine bulgare de troisième ou quatrième génération. Il ne faut pas oublier que grâce au nom donné « Abdullah », nous pouvons déterminer seulement les Musulmans de première génération et dans certains cas, les musulmans de seconde génération et que dans les registres, il n'y a pas d'indice permettant de déterminer des musulmans de troisième ou quatrième génération. C'est pourquoi, le taux des Musulmans d'origine bulgare peut être plus élevé en réalité que le taux donné plus haut. En d'autres termes, les musulmans de troisième ou quatrième génération sont explicables par les musulmans de première et de seconde génération inscrits dans le registre de 1516.
Le quatrième registre dont nous disposons est aussi un mufassal inédit. Il s'intitule Defter-i Mufassal-i Liva-i Niðbolu (registre détaillé de la province de Nikopol). Il est daté de H.987 (1579) dans son texte. L'original (asýl) du registre, comportant le tuðra de Murat IIIe, est conservé à Ankara, dans la section de Kuyud-i Kadime (registres anciens) de Tapu Kadastro Genel Müdürlüðü (Direction générale des registres cadastraux). Il est enregistré sous le numéro 58. Nous allons citer ce registre comme « KK n°58 », en abrégé. Il y a également une copie (suret) de ce registre qui est conservé dans le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi à Istanbul. Il est inscrit sous le numéro 718 du fonds de Tapu Tahrir Defterleri (nommé ci-après « TD n°718 »). Il manque les premiers pages du registre de TD n°718. Toutes les inscriptions de ce registre sont les mêmes que celles du registre KK n°58. (p.53)
L'écriture du registre KK n°58 a une belle, alors que celle du TD n° 718 est mauvaise. Nous avons consulté les deux registres aussi. Cependant les photocopies annexées à cette étude sont tirées, malheureusement, du registre TD n°718, non pas de celui KK n°58, puisque le Tapu Kadastro Genel Müdürlüðü n'accorde que l'autorisation de photocopier d'un registre deux ou trois pages, alors que le Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi donne les photocopies d'un tiers d'un registre.
Les villages de Breþte et Galata, n'existant pas dans le registre de 1545, sont enregistrés maintenant dans le registre de 1579. On peut en déduire que ces villages sont nouvellement fondés entre 1545 et 1579.
D'autre part on peut observer que dans le registre de 1579, le nombre des villages peuplés de Musulmans a augmenté. En 1579, il y avait 22 villages sur 40 peuplés de Pomaks. Ce qui montre que la majorité de nos 40 villages pomaks sont déjà peuplés partiellement de Pomaks en 1579.
D'après le registre de 1579, nous avons dressé la liste des villages peuplés de Pomaks et le nombre de ménages et célibataires musulmans (voir le Tableau n° 8).
La population musulmane est passée de 25 ménages et 9 célibataires (=134 individus) en 1545 à 126 ménages et 71 célibataires (=701 individus) en 1579, soit une croissance de 523 % en 34 ans. La croissance rapide des musulmans s'explique par la conversion locale. Dans nos villages de la zone pomake, en 1579, d'après le registre KK n°58, les 24 des 126 des individus chefs de ménages et les 7 des 71 célibataires (mücerreds) musulmans sont fils d'Abdullah. Egalement dans nos villages, 4 des 126 des chefs de famille des foyers musulmans et les 2 des 71 célibataires (mücerreds) musulmans sont des petits fils d'Abdullah. Ce qui suppose que 21,25 % des musulmans sont produit d'une conversion locale effectuée sur place, par conséquent d'origine bulgare. (p.55)
|
Villages. |
Ménages |
FA |
PFA |
Célib. |
FA |
PFA |
1 |
Bela Slatina |
3 |
1 |
|
- |
|
|
2 |
Býrkaçevo |
1 |
1 |
|
1 |
|
1 |
3 |
Çamakofça |
4 |
3 |
|
3 |
|
|
4 |
Çerikova |
3 |
2 |
|
3 |
|
|
5 |
Çerven Breg |
15 |
4 |
|
10 |
|
|
6 |
Galata |
6 |
- |
|
5 |
|
|
7 |
Huyuvan |
6 |
- |
|
3 |
|
|
8 |
Izvor |
14 |
- |
|
8 |
|
|
9 |
Koynare |
4 |
1 |
|
6 |
|
|
10 |
Kurusoviça |
6 |
1 |
|
2 |
|
|
11 |
Leþniça |
6 |
2 |
|
4 |
4 |
|
12 |
Lukovit (Gorna) |
6 |
1 |
|
7 |
1 |
1 |
13 |
Petreven |
3 |
1 |
|
3 |
2 |
|
14 |
Popiça |
1 |
1 |
|
2 |
|
|
15 |
Radomirçe |
2 |
- |
|
- |
|
|
16 |
Reseleç |
3 |
- |
|
- |
|
|
17 |
Roman |
16 |
- |
|
6 |
- |
|
18 |
Rupçe |
1 |
- |
|
1 |
- |
|
19 |
Todoriçane |
10 |
1 |
|
6 |
- |
|
20 |
Toros |
12 |
3 |
3 |
- |
|
|
21 |
Ugýrçin |
2 |
1 |
|
1 |
|
|
22 |
Yaniça |
2 |
1 |
1 |
- |
|
|
|
Total |
126 |
24 |
4 |
71 |
7 |
2 |
|
Total (Individus)* |
630 |
120 |
20 |
71 |
7 |
2 |
Individus: 630+71=701 dont FA+PFA : 120+20+7+2=149 (21,25 %) (=149x100:701) |
L'autre partie de la population musulmane peut être aussi d'origine bulgare de troisième ou quatrième génération. Il ne faut pas oublier que grâce au nom donné « Abdullah », nous pouvons déterminer seulement les Musulmans de première génération et dans certains cas, les musulmans de seconde génération et que dans les registres, il n'y a pas d'indice permettant de déterminer des musulmans de troisième ou quatrième génération. C'est pourquoi, le taux des Musulmans d'origine bulgare peut être plus élevé en réalité que le taux donné plus haut.
En résumé, en 1579, il y avait 126 ménages et 71 célibataires musulmans (en tout 701 individus), contre 2429 ménages et 1459 célibataires chrétiens (en tout 13 604 individus). 4,90 % de la population totale des villages se situant dans notre zone était déjà musulmane. Ce qui montre que l'islamisation dans la région n'était plus négligeable.
D'ailleurs la grande partie de la population musulmane était d'origine d'une conversion locale. Le taux de nouveaux convertis représentait 41,97 % en 1516, 71,64 % en 1545 et 21,22 % en 1579. Il faut souligner que ce sont les taux des convertis de première et seconde génération et que l'autre partie de la population musulmane peut être aussi d'origine d'une conversion de troisième ou quatrième génération. (p.56)
Enfin, on peut préciser que la thèse selon laquelle l'apparition des Pomaks a eu lieu à la fin de XVI siècle et surtout au début du XVII siècle n'est pas en conformité avec les données des registres de 1479, 1516, 1545 et 1579. Car, comme on vient de le voir, même s'ils sont peu nombreux, il y avait des Pomaks aux XV et XVIe siècles.
On peut observer également l'apparition lente des Pomaks et l'augmentation progressive de la population pomake. Ce qui réfute la thèse de la conversion forcée.
Sur la dernière colonne du tableau, sont indiquées les données tirées du Salname-i Vilayet-i Tuna de H.1290 (Annuaire de la Province du Danube de 1873) (nommé ci-après comme Salname, en abrégé). Nous avons constitué cette dernière colonne pour pouvoir faire comparaison entre les taux de la population musulmane de XVIe et XIXe siècles. D'après le Salname, dans nos 40 villages, en 1873, il y avait 4797 ménages et 13 495 mâles[55] musulmans (=37 480 individus) contre 4738 ménages et 9909 mâles non-musulmans (=33 599 individus). Ainsi, dans nos villages situant dans la zone pomake, 50,30 % des ménages et 57,66 % des mâles étaient Musulmans. En convertissant le nombre des ménages en nombre d'individus, on peut affirmer que 52,73 % des individus étaient Musulmans.
Ainsi la population musulmane est passée de 126 ménages et 71 célibataires (=701 individus) en 1579 à 4797 ménages et 13 495 mâles (=37 480 individus) en 1873, soit une croissance de 5346 % en trois siècles (précisément 294 ans). En d'autres termes, la population musulmane a multiplié par 53 en trois siècles. En 1579, la population musulmane était 4,90 % de la population globale, alors qu'en 1873, la population musulmane représentait 52,73 % en gros de la population totale.
Par contre, dans nos villages, la population chrétienne est passée de 2429 ménages et 1459 célibataires (=13 609 individus) en 1579 à 4738 ménages et 9909 mâles (=33 599 individus) en 1873, soit une croissance de 246 % en trois siècles (précisément 294 ans). En d'autres termes, la population chrétienne a multiplié par 2.46 en (p.57) trois siècles. En 1579, la population chrétienne était 95,10 % de la population globale, alors qu'en 1873, la population chrétienne ne représentait que 47,27 % de la population totale.
En résumé, nous pouvons donner les tableaux suivants:
|
Ménages |
FA |
Célibataires |
FA |
Total |
15 |
6 |
6 |
4 |
Individus |
75 |
30 |
6 |
4 |
Individus : 75+6=81 dont fils d'Abdullah : 30+4=34 (41,97 %)= (34x100:81) |
|
Ménages |
FA |
PFA |
Célib. |
FA |
PFA |
|
T o t a l |
25 |
16 |
2 |
9 |
4 |
2 |
|
Individus |
125 |
80 |
10 |
9 |
4 |
2 |
|
Individus: 125+9=134 dont FA+PFA=80+10+4+2=96 (71,64 %) = (96x100:134) |
|
||||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ménages |
FA |
PFA |
Célib. |
FA |
PFA |
Total |
126 |
24 |
4 |
71 |
7 |
2 |
Individus |
630 |
120 |
20 |
71 |
7 |
2 |
Individus: 630+71=702; dont FA+PFA: 120+20+7+2=149 (21,22 %) (=149x100:702) |
A partir de ces tableaux nous pouvons obtenir le pourcentage des nouveaux convertis dans chaque année. (p.58)
|
Musulmans (Individus) |
Nouveaux convertis (FA+PFA) |
Pourcentage des nouveaux convertis |
1479 |
15 |
? |
? |
1516 |
81 |
34 |
42 % |
1545 |
134 |
96 |
72 % |
1579 |
702 |
149 |
21 % |
Du tableau n° 12, on peut observer, premièrement, qu'une bonne partie de la population musulmane (42 % en 1516, 72 % en 1545 et 21 % en 1579) est le fils d'Abdullah et les petits-fils d'Abdullah, c'est‑à‑dire des nouveaux convertis. La partie de non-nouveaux convertis de la population musulmane peut être aussi d'origine conversion locale. Car, sur ce tableau, figurent seulement les fils d'Abdullah et les petits-fils d'Abdullah, c'est‑à‑dire les Musulmans de première et seconde génération. Il est tout à fait normal qu'il y ait aussi des musulmans de troisième ou quatrième génération. C'est pourquoi, le taux des Musulmans d'origine conversion locale peut être plus élevé en réalité que le taux donné plus haut. Par exemple, les Musulmans non-fils d'Abdullah ou non-petits-fils d'Abdullah inscrits dans le registre de 1579 peuvent être des petits-fils des fils d'Abdullah inscrits dans le registre de 1516.
Alors, les tahrir defters ottomans montrent que la plus grande partie des premiers Musulmans dans les villages pomaks sont d'origine d'une conversion locale. On peut même supposer que les musulmans qui ne sont pas des nouveaux convertis sont probablement des Musulmans de seconde ou troisième génération.
On peut observer également que l'apparition des premiers Musulmans n'est pas datable. Il s'agit d'un processus long et lent. Durant un siècle, seulement 5 % de la population sont devenues musulmans. Comme le montre notre tableau, dans un village, on dénombrait par exemple, 1 ménage musulman en 1516, 2 en 1545 et 3 en 1579. Ce qui est réfute la thèse de la conversion forcée des Pomaks à l'Islam.
***
Il faut avouer qu'il y a un vrai problème qui se pose à propos de la détermination des Pomaks. On ne rencontre aucunement le terme « Pomak » dans les tahrir defters (p.59) ottomans que nous avons examinés[56]. Alors que notre travail a pur but d'éclairer l'origine des Pomaks. Nous présentons les habitants musulmans des 40 villages se trouvant dans une certaine zone situant entre Lofça, Plevne, Rahova et Ivraça comme Pomaks. La documentation ottomane emploie le mot « Muslim » à propos des « habitants musulmans » de ces villages. Pour le XIXe siècle, nous savons que les habitants de ces villages désignés par le mot « Muslim » dans la documentation ottomane étaient Pomaks. Car, nous avons assez de preuves, surtout les récits de voyages, des études[57], indiquant que les Musulmans de ces villages se disent « Pomaks » et qu'ils parlent le bulgare comme langue maternelle. Par contre, pour les XVe et XVIe siècles, nous n'avons aucune preuve pour monter que les habitants musulmans de ces villages sont désignés également par le nom « Pomaks ».
Nous avons montré que la forte majorité des premiers Musulmans de nos villages étaient des nouveaux convertis. Mais nous ne savons pas si ces nouveaux convertis se disaient « Pomaks » au XVIe siècle. En d'autres termes, on ne peut pas savoir, si les nouveaux convertis étaient des Pomaks ou des Musulmans non-pomaks. Car, la conversion des Bulgares à l'Islam a eu lieu non seulement dans notre zone pomake, mais aussi dans toute la Bulgarie. Par exemple, d'après les tahrir defters de 1516, 1545 et dans les villages de Presyaka[58] et Smoçan[59] très proche de la zone pomake, il y avait des familles converties. Pourquoi, les habitants de ces villages ne devenaient-ils pas Pomaks ? Pourquoi, les autres convertis d'origine bulgare ne s'appelaient-ils pas Pomaks, alors que ceux de nos 40 villages s'appelaient Pomaks. C'est une énigme; pour sa solution, nous ne disposons d'aucune donnée historique.
On peut se demander si les nouveaux convertis dans nos 40 villages ne s'appelaient pas Pomaks au XVIe siècle. Nous (p.60) ne connaissons même pas le siècle de l'apparition du mot « Pomak », ni son véritable sens. Par conséquent, en réalité notre travail se repose sur une hypothèse selon laquelle les habitants musulmans au XVI siècle des 40 villages examinés s'appelaient Pomaks, alors que nous ne sommes pas à la hauteur de prouver cette supposition. Dans ce cas, il vaut mieux dire que notre travail était, non pas sur « Pomaks », mais sur les « premiers habitants musulmans » des 40 villages que nous savons qu'ils étaient peuplés de Pomaks au XIXe siècle.
On peut également se demander, pourquoi les convertis de 40 villages ont pu garder leur langue ancestrale, alors que les convertis des autres régions n'ont pas pu le faire et sont devenus avec le temps turcophones ? Pourquoi, les convertis de nos 40 villages ne se sont-ils pas assimilés, alors que les autres convertis se sont assimilés ? On peut penser que nos 40 villages se trouvent loin du peuplement turc et qu'il n'y a pas de village mixte pomako-turc, par conséquent ils ont pu garder leur langue bulgare et leur culture, alors que les convertis d'autres régions vivaient ensemble avec les Turcs et avec le temps, ils se sont assimilés. C'est une façon d'interpréter le phénomène. Mais nous n'avons pas de preuve pour vérifier la validité de cette interprétation.
Il y a également une autre région peuplée de Pomaks, la massive des Rhodopes ; pourquoi ces deux communautés distinctes l'une de l'autre sont-ils désignées par le même nom ? Le point commun entre les Pomaks de Lofça et ceux de Rhodopes est qu'ils sont bulgarophones et musulmans. Mais la relation entre elles reste obscure. Peut-être que la solution du problème se trouve là.
La documantation ottomane
A. Documents InedIts
TD n 370: Muhasebe-i Vilayet-i Rumeli, 1530.
TD n 382: Mufassal, Vakif, Niðbolu, environ 1545.
TD n 416: Mufassal, Niðbolu, environ 1545.
TD n 452: Mufassal, Niðbolu, environ 1545.
TD n 718: Defter-i Mufassal-i Liva-i Niðbolu, 1579.
TD n 775: Mufassal Avariz Haneleri Defteri, Nigbolu, 1642.
MM n 11: Defter-i Mufassal-i Vilayet-i Niðbolu, 1516.
Mevkufat Defteri n 2915: Niðbolu Livasý Bedel, Nüzül ve Avariz Haneleri, 1751.
Nüfus Defteri n 6567, 1850.
Temettüat Defteri, n°15725 (1845).
Temettüat Defteri, n°15758 (1845).
Kuyud-i Kadime, Defter n° 58: Defter-i Mufassal-i Liva-i Nigbolu, 1579.
B. salname-i vilayet-i tuna de 1873: Couverture extérieure: Salname, Sene 1290, Def’a 6, Matbaa-i Vilayet-i Tuna, Rusçuk. Couverture intérieure: Salname-i Tuna: Ýþbu binikiyüzdoksan sene-i hicriyesi salnamesi altýncý def’a olarak cem ve tertip kýlýnmýstýr (Bibliothéque de Türk Tarih Kurumu, Ankara, Côte: AII.2077).
C. recueIls de Documents EdItes
CvetkoVa (Bistra) et MutafČieva (Vera) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bălgarskata istorija, Serija VX-XVI, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1964, Tome I.
Todorov (Nikolai) et Netkov (Boris) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bălgarskata istorija, Serija VX-XVI, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1966, Tome II.
CvetkoVa (Bistra) et RAZBOJNIKOV (A.) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bãlgarskata istorija, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1972, Tome III.
hristo (Hristov) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bălgarskata istorija, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1973, Tome IV.
CvetkoVa (Bistra) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bãlgarskata istorija, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1974, Tome V.
Todorov (Nikolai) et KALICIN (Marija) (Sous la rédaction de), Turski izvori za Bălgarskata istorija, Sofia, Izdanie na Bălgarskata Akademija na Naukite, 1977, Tome VI.
Supplément 1: La carte des villages pomaks de Lofça
Supplément 2: L'enregistrement du village de Çamakofça
(Extrait du BOA, TD no 416, p.141)
Supplément nd 3: L'enregistrement du village de Galata
(Extrait du BOA, TD no 718, p.407)
Supplement no 4: L'enregistremet du village de Ugýrçin
(Extrait du BOA, TD no 370, p.534)
* Maître de conférences, Université d'Uludag, IIBF, Bursa-Turquie.
Abréviations. BOA : Baþbakanlýk Osmanlý Arþivi (Archives ottomanes de la Présidence du Conseil), Istanbul ; TD : Tahrir Defteri (Registre de recensement) ; MM : Maliyeden Müdevver Defterler (Registres issus du Ministère de la Finance) ; TKGM : Tapu Kadastro Genel Müdürlüðü (Direction générale des registres cadastraux), Ankara ; KK : Kuyud-i Kadime (Registres anciens)
[1]. Selon l'explication courante, le mot « Pomak » viendrait plus probablement du verbe bulgare « pomagam » (aider), et signifierait auxiliaires (« pomagaci »). Voir Felix Kanitz, « Die moslemisch-bulgarischen Pomaci und Zigeuner im nördlichen Balkangebeite », Mittelungen des anthropologischen Gesellschaft in Wien, 1876, Bd. 6, p.75 ; Felix Kanitz, Donau-Bulgarien und der Balkan, Leipzig, 1880-1882, tome II, p.182. Cette interprétation est reprise par plusieurs auteurs. Les Pomaks se sont appelés généralement en Macédoine « Torbei » et souvent « Poturi ». Dans les Rhodopes, les Pomaks sont aussi désignés par les mots « Agarjani » ou « Achrjani ». Voir Ahmet Cevat Eren, « Pomaklar », Islam Ansiklopedisi, IX, p.573 ; Id., « Pomaklara Dair » Türk Kültürü, I/4, 1963, p.39). Les appellations comme « Bălgarite Mohamedani » (Musulmans bulgares ou Mahométans bulgares) sont des inventions académiques qui ne sont pas du tout connues avant les années 1870. Egalement, du côté turc, l'appellation « Pomak Türkleri » (Turcs pomaks), elle aussi, fabriquée. Pour l'utilisation de cette appellation voir par exemple, Halim çavuþoðlu, Balkanlarda Pomak Türkleri, Ankara, Köksav Yayýnlarý, 1993 ; Hüseyin Memiþoðlu, Pomak Türklerinin Tarihi Geçmiþinden Sayfalar, Ankara, 1991, p.5-26).
[2]. « Loveč » en bulgare. Dans cette étude, nous utilisons en principe la version ottomane des noms de lieux.
[3]. « Lofça Pomaklarý » en turc et « Lovčanski Pomaci » en bulgare.
[4]. Konstantin Los. Jireček, Dejiny naroda bulharskeho, Nahledam B. Tempskéno, Praze, 1876, p.525.
[5]. E. Arvanitou, Turcs et Pomaks en Grèce du Nord, Thèse de 3° cycle, Université de Paris VII, 1984 ; Fehim Bayraktarevic, « Pomaks », Encyclopedie de l'Islam, 1° éd. t.III, p.1148-1150 ; çavuþoðlu, op.cit., G. čičovski, Bălgaromohamedanskijat problem, Sofia, 1935 ; Rik Egbert, op.cit.; Ahmet Cevat Eren, « Pomaklar », Islam Ansiklopedisi, IX, p.572-476 ; « Pomaklara Dair » Türk Kültürü, I/4, 1963, p.37-41 ; Wolfgang Höpken, « Türken und Pomaken in Bulgarien », Südosteuropa Mitteilungen, 32 (2), 1992, p.141-151 ; Dennis Hupchick, « Seventeenth Century Bulgarian Pomaks : Forced or Voluntary Converts to Islam? », in Steven B. Vardy et Agnes H. Vardy, eds., Society in Change : Studies in Honor of Béla K. Kirly, Colombia, 1983, p.305-314; Iz minaloto na Bălgarite Mohamedani v Rodopite [Kolektiven Cbornik, Izdatelstvo na Bălgarskata Akademija na Naukite, Sofia, 1958 ; Julien Javerdac, « Les Pomaks : Turcs ou Bulgares ? », Balkan (Bordeaux), 1989, p.21-24 ; Patriarch Kiril, Bălgaromohamedanski selista v Jznite Rodopi Sofia, Sinadalno Knigoizdatelstvo, 1960, 103 p. ; H. Konstantinov, « Narodni Prava i Obicai ou cepinskite pomaci », Naraodni umotvorenija, 1898, 15, p.263-265 ; K. Lambrev, « Balgaromohamedanite v Rodopite mezdu dvete svetovni vojni » dans Iz minaloto... p.122-137 ; gianni D. Magkrioti, « Pomakoi i Rodopaioi », Thrakika, seira deftera, 3 (1980/1981), p.42-64 ; P. Marinov, « Iz mirogleta na sredno rodopskite Bălgari-mohamedani », Bălgarski Narod, II/1, Sofia, 1947 ; Memiþoðlu, op.cit.; Sarides, op.cit. ; Enver M. Þerifgil, « Toponomik Bir Araþtýrma: Göçler ve Yer Adlarý (Türkler, Pomaklar ve Bulgarlar) », Türk Dünyasý Araþtýrmalarý Dergisi, 11/12, 1980, p.81-126 ; Tatjana Seyppel, « Pomaks in Northeastern Greece: an Endangered Balkan Population », Journal Institute of Muslim Minority Affairs, 1989, Vol.10, No 1, p.42 ; Tatjana Seyppel, « Sag es rihting: Wir sind Pomaken », Progrom: Zeitschrift für bedrohte Volker, Göttingen, Vol. 12, No.144, 1988, p.16-18 ; C. Silvermann, « Pomaks », Muslims Peoples : A World Ethnographic Survey, (Ed. par R. V. Weekes), Westport, CT, 1984, Vol. 2, p.612-616 ; Stoju N. Šiškov, Bălgaro-mohamedanite (Pomaci). Plovdiv, Tărgovska pecatnica, 1936, 118 p. ; K. Vasiliev, Rodopskite Bălgari mohamedani, Sofia, 1961 ; Bernard Vernier, Rapport de parenté et rapport de domination. Etude de cas : Représentation mythique du monde et domination masculine chez les Pomaques, Thèse de 3° cycle, sous la direction de P. Bourdieu, Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales de Paris, 1977 ; N. Vrancev, Balgari mohamedani (Pomaci), Sofia, 1948. (=Bălgarski narod, 2) ; A. Želyaskova, « The Problem of Authenticity of some Domestic Sources on the Islamization of the Rhodopes », Etudes balkaniques, (Sofia), 1990, 4, p.105-111.
[6]. A. Iširkov, « Selo Galata », Loveč i Lovčansko, Sofia, 1932, t.4, p.201-208 ; Geno Ivanov, « Za minaloto na lovčanskite pomaci », Loveč i Lovčansko, Sofia, 1932, t.5, p.26-32 ; Felix Kanitz, op.cit. ; Bernard Lory, « Une communauté musulmane oubliée; Les pomaks de Loveč », Turcica (France), 1987, tome 19, p.95-117 ; Vasil Mikov, « Bălgarskite mohamedani v Tetevensko, Lukovitsko i Beloslatinsko », Rodina, 1941, 3, p.51-68 ; Vasil Mikov, « Pomacite od dolinite na r. Iskăr i Vit », Zora, n° 3934, 15 août 1932, p.2 ; L.Miletič, « Lovčanskite Pomaci », Bălgarski Pregled, (Sofia) 1899, kn. 5, p.67-78 ; Petăr Petrov, Pomohamedančveneto v Loveskija kraj (galavno v selata Bălgarski Izvor, Gradešnica, Galata i Pomaška Lešnica), Loveč, 1964, 50 p. ; Vasil Savov, « Lovčanskite pomaci i tehniyat govor », Izvestia na seminara po slavjanska filologija pri Iniversiteta v Sofija, 1931, kn.7, p.1-34.
[7]. Lory, op.cit., p.95.
[8]. Ami Boué, Receuil d'itinéraires dans la Turquie d'Europe, Vienne, En commission chez W. Braumüller, Librairie de l'Académie impériale des sciences, 1854, Tome Ier, p.24. En 1867, Ljuben Karavelov a abordait la question pomake (Săbrani Sacinenija, t.4, Sofia, 1984, cité par Lory, op.cit., p.96. Enfin la première étude véritable consacrée aux Pomaks de Lofça revient à Felix Kanitz (« Die moslemisch-bulgarischen Pomaci... », op.cit.)
[9]. D'après la carte de la division administrative donnée par Nikolay Micev et Petăr Koledarov, Rečnik na selištata i selišnite imena v Bălgarija : 1878-1987, Sofia, Nauka i Izkustvo, 1989, p.2-3.
[10]. Miletič, op. cit.
[11]. Voir par exemple, Lory, op. cit. ; Ivanov, op. cit. ; Miletič, op. cit. ; Savof, op. cit.
[12]. Lory, op. cit., p.98 ; Gjuzelev, op. cit., p.18.
[13]. Lory, op. cit., p.97-98.
[14]. Lory, op. cit.
[15]. Konstantin Ireček, Knjazestvo Bălgarija, Cast I : Bălgarska Dăržava, Plovdiv, Izdanie i Pecat na Xr. Ganov, 1899, p.119.
[16]. Nous n'avons rencontré aucune phrase concernant les origines des Pomaks de Lofça chez les auteurs turcs. Ils se contentent d'indiquer en quelques lignes qu'il y a aussi des Pomaks vivant dans la région de Lofça et de Plevne. En effet, l'existence même des Pomaks à Lofça est d'ordre de réfuter leurs arguments à propos de l'origine turque des Pomaks, car leurs arguments sont fondés essentiellement sur les données géographiques et surtout toponymiques concernant la région des Rhodopes.
[17]. Pour la valeur des tahrir defters ottomans comme source pour l'histoire démographique, voir : Ömer Lutfi Barkan, « Essai sur les données statistiques des régistres de recensement dans l'Empire ottoman aux XVe et XVIe siècles », Journal of the Economic and Social History of the Orient, I, 1958, p.7-36 ; Bistra Cvetkova, « Ottoman Tahrir Defters as a Source for Studies on the History of Bulgaria and the Balkans », Archivum Ottomanicum, 8, 1983, pp.123-213.
[18]. Les mücerreds sont des jeunes mâles ayant atteint l'age de l'imposition et non mariés encore.
[19]. Par exemple, Boué, op.cit., p.24 ; Ubicini, cité par Lory, op.cit., p.97 ; Kanitz, « Die moslemisch-bulgarischen Pomaci... », op.cit., p.75 ; Donau-Bulgarien und der Balkan, op.cit., t.II, p.271 ; Constantin Jireček, Geschiste der Bulgaren, Prague, 1876, p.356, 457, 520, 568 et 578 cité par Fehim Bajraktarevic, « Pomaks », Encyclopedie de l'Islam, 1er éd. t.III, p.1148-1150.
[20]. Miletič, op.cit., p.69 ; Savof, op.cit., p.1-2 ; Mikov, op.cit., p.56 ; Iširkov, op.cit., p.205 ; Ivanov, op.cit., p.30 ; Cvetkova, 30-33 ; Petrov, Sădbonosni vekove za Bălgarskata naradnost op.cit., p.295 ; Petrov, Pomohamedancveneto v Loveskija kraj, op.cit., p.35; Lory, op.cit ; Ireček, Knjazestvo Bălgarija, Cast I : Bălgarska Dăržava, op.cit., p.118-119 ; Cast II : Patuvanija po Bălgarija, op.cit., p.900-905;
[21]. Todorov et Nedkov (éds.), Turski izvori, op.cit., t.II, p.160-334.
[22]. Ibid. t.II, p.160.
[23]. Cvetkova, « Ottoman Tahrir Defters... », op. cit., p.138.
[24]. Voir par exemple, Machiel Kiel, « La diffusion de l'Islam dans les campagnes bulgares à l'époque ottoman (XV-XIXe siècle) Colonisation et conversion », Revue du Monde musulman et de la Méditerrannée, 1992/4, n°66, p.40 ; Rumen P. Kovačev, Ein neuentdecktes Timar-Register über Nordbulgarien aus dem späten 15. Jahrhundert , Südost-Forschungen, Band L (50), 1991 (München), p.236-237.
[25]. « Hane » peut être communément traduit en français par le mot « famille ». Nous avons traduit le terme ottoman « hane » par le mot « ménage » (parfois « foyers » ou « feux »). Car, le terme « hane » est une unité fiscale dans le contexte des registres ottomans.
[26]. Todorov et Nedkov (éds.), Turski izvori, op.cit., t.II, p.285.
[27]. Ibid., t.II, p.242.
[28]. Ibid., t.II, p..241.
[29]. On admet généralement qu'un ménage musulman se composait de 5 individus (pour le problème de la taille de hane, voir Kemal H. Karpat, Ottoman Population : 1830-1914, Wisconsin, The University of Wisconsin Press, 1985, p.9-10). Pour trouver la population nous multiplions par 5 le nombre de ménage, et à ce chiffre, nous ajoutons le nombre de célibataires et veuves. Ainsi 15 ménages et 6 célibataires font 81 individus (155=75+6=81). On compte également de la même façon le nombre d'individus dans le recensement de 1479 (45=20). Ensuite, on trouve le pourcentage (2081; 100?).
[30]. Todorov et Nedkov (éds.), Turski izvori, op.cit., t.II, p.284 ; Voir également Petrov, Pomohamedančveneto v Loveskija kraj, op.cit., p.24 ; Bistra Cvetkova, « Teteven i Tetevensko prez Osmanskoto Vladiçestvo do Vazrazdaneto », in Teteven, Sofia, 1977, p.32.
[31]. Mičev et Koledorov, op. cit., p.51.
[32]. Salname-i Vilayet-i Tuna, op.cit., p.255. Il est à noter que le recensement ottoman ne comptait pas les femmes jusqu'à des années 1880. Voir Karpat, op.cit., p.10.
[33]. Nikoloi Todorov et Boris Nedkov (éds.), Turski izvori za Bălgarskata Istorija, Sofija, Bălgarskata Akademija na Naukite, 1966, t.II, s.285.
[34]. Ibid., t.II, p.247, 263.
[35]. Ibid., t.II, p.251.
[36]. Ibid., t.II, p.271.
[37]. Voir Lory, op. cit., p.99.
[38]. En effet, nous ne savons pas si ces quatre familles désignées par nous comme « premiers Pomaks » s'appelaient, à cette époque, Pomaks. Nous ne savons pas à quelle époque l'appellation Pomak est-elle apparue. Comme nous l'avons expliqué dans l'introduction nous avons accepté les premiers musulmans de ces 40 villages examinés comme Pomaks. Ce n'est qu'une supposition. La seule chose que nous pouvons prouver est qu'ils étaient les premiers « habitants musulmans » des villages qui sont peuplés de Pomaks au XIXe siècle.
[39]. Gorni et Dolni Dibnik eux non plus ne sont pas inscrits dans le registre de 1479, cependant on sait que ces deux Dibniks étaient les villages de vakýf, c'est pourquoi, il est normal qu'ils ne soient pas dans le enregistré de 1479.
[40]. On peut toute fois se rappeler qu'il manque deux feuilles du registre de 1479. Il est possible que certains de ces villages soient enregistrés sur les feuilles disparus. Cependant la grande partie de ces villages n'est pas inscrite dans les registres suivants (1516, 1545 et 1579), alors qu'ils sont complets.
[41]. En effet 24, car le registre de 1479 indique que Dibene était un village déserté en 1479 (op. cit., p.293).
[42]. Voir par exemple, BOA, MM n°11, p.91, 110, 136, 140, 220, 254, 2457, 285 TD n°370, p.513, 515 ; TD n°416, p.93, 118, 386.
[43]. Nous citons de la façon abrégée ce registre « MM n°11 ».
[44]. Nous citons de la façon abrégée ce registre « TD n°370 ».
[45]. Halil Inalcýk, Giriþ , in 438 Numaralý Muhasebe-i Vilayet-i Anadolu Defteri, Ankara, Baþbakanlýk Devlet Arþivleri Genel Müdürlüðü Yayýnlarý, 1993, p.6. Les Muhasebe Defterleri pour les vilayets d'Anadolu, Karaman et Rum sont publiés par Baþbakanlýk Devlet Arþivleri Genel Müdürlüðü, alors que le Muhasebe Defteri du Provence de Rumeli (TD n°370) n'a pas été publié).
[46]. BOA, MM n°11, p.164, 165, 256, 164.
[47]. Pour le calcul voir supra note 29. (Les 15 ménages et 6 célibataires font 81 individus 155=75+6=81. On compte également de la même façon le nombre d'individus dans le recensement de 1479 (45=20). Ensuite on trouve le pourcentage (2081; 100?).
[48]. Nous convertissons d'abord le chiffre de nombre de ménages en nombre d'individus en multiliant par 5. Voir supra, note 29.
[49]. BOA, MM n°416, p.384.
[50]. BOA, TD n°370, s.535.
[51]. BOA, MM n°416, p.384.
[52]. Voir supra note 29. Pour trouver la population nous multiplions par 5 le nombre de ménages, et à ce chiffre, nous ajoutons le nombre de célibataires et veuves. Ainsi 15 ménages et 6 célibataires font 81 individus (155=75+6=81). On compte également de la même façon le nombre d'individus dans le recensement de 1479 (45=20). Ensuite, on trouve le pourcentage (2081; 100?).
[53]. Pour le calcul de pourcentage, voir supra note 29.
[54]. Nous convertissons d'abord les chiffres de nombre de ménages en nombres individus en multipliant par 5. Voir supra, note 29.
[55]. L'administration ottomane ne recensait pas les femmes jusqu'en 1882 (Voir Karpat, op.cit., p.10).
[56]. D'ailleurs il est coutume de souligner que le mot « Pomak » est inconnu dans la documentation ottomane et dans la littérature avant le XIXe siècle. Le document le plus ancien comportant le nom « Pomak » est daté de 1820, dans lequel certains Pomaks de Lofça accusaient Kalinika, igumen de Monastère de Karlukova, d'aider à l'armée russe (P. Mutafciev, Iz nasit ctaroploniski manastiri, Cb. BAN, 1931, p.89 cité par Mikov, « Bălgarite Mohammadani... », op.cit., p.58). A notre avis, il faut traiter cette idée avec précaution, car ce sujet reste encore très peu étudié, et qu'un jour, un chercheur peut avoir la chance de découvrir ce mot dans la riche documentation ottomane antérieure au XIXe siècle. Même nous avons un indice : on sait que Müezzinzade Hafýz Ahmed Paþa, grand vizir du Sultan Murad IV (ses vizirats : 1625-1626 et 1631-1632), était un Pomak (Ismail Hami Daniþmend, Izahlý Osmanlý Tarihi Kronolojisi, (tome V: Osmanlý Devlet Erkaný), Istanbul, Türkiye Yayýnevi, 1971, p.33-34).
[57]. Par exemple, Boué, op.cit., p.24 ; Ubicini, cité par Lory, op.cit., p.97 ; Kanitz, « Die moslemisch-bulgarischen Pomaci... », op.cit., p.75 ; Donau-Bulgarien und der Balkan, op.cit., t.II, p.271 ; Constantin Jireček , Geschiste der Bulgaren, Prague, 1876, p.356, 457, 520, 568 et 578 cité par Bajraktarevic, op.cit., 1150.
[58]. BOA, MM n°11, p.218 ; BOA, TD n°416, p.457.
[59]. BOA, TD n°452, p.268 ; BOA, TD n°718, p.427.
(c) Turcica, 1999. Toute redistribution de cet article est interdite sans autorisation.
Cet article peut être cité sous la forme suivante:
Kemal Gözler, « Les origines des Pomaks de Lofça d'après les tahrir defters ottomans: 1479-1579 », Turcica : Revue des etudes turques, 1999, Tome 31, p.35-66. (www.kemalgozler.com/pomak-turcica.htm).
Cliquez ici pour lire le livre de K. Gözler, sur le même sujet.
Editeur: Kemal Gözler
Date de Creation: 2006
Date du dernier changement: 10.05.2010